jeudi 19 avril 2012

Le poids des mots...

François Hollande voulait "taper" Sarkozy, Jean-Luc Mélenchon veut le "virer", Philippe Poutou le "dégager", tract à l'appui pour ce dernier.

Au-delà du point de vue politique sur ce désir commun de ces trois candidats - ce n'est pas mon propos - ce qui parait clair, c'est que le respect pour la fonction Présidentielle et pour l'homme qui l'incarne au moins jusqu'au 6 mai prochain et, rappelons le quand même, sur la base d'une élection démocratique obtenue en 2007, n'est plus.

Ce qui est certain, c'est qu'aucun opposant politique, même parmi les plus farouches, n'aurait exprimé dans ces termes son désir de mettre un terme au mandat de François Mitterrand en 1988 ou à celui de Jacques Chirac en 2002.

Peut-on, doit-on s'en étonner ? Non.
En effet, en désacralisant lui-même la fonction au début de son mandat, l'actuel locataire de l’Élysée a probablement donné le bâton pour se faire battre.
Par ailleurs, l'exaspération du peuple face à une situation de crise qui dure et dont il se sent d'autant plus victime qu'il n'a pas le sentiment d'avoir contribué à son émergence, explique sans doute aussi cette montée du rejet à l'égard de Nicolas Sarkozy.
La presse et les médias qui n'ont pas été tendre tout au long de ce quinquennat ont probablement aussi leur part de responsabilité. Je me souviens notamment de ce titre à la une d'un hebdomadaire: "Le voyou de la république". Imagine-t-on pareille "Une" sur Mitterrand ou sur Chirac ?

Peut-on, doit-on le regretter ? Oui.
Probablement, parce que la société a besoin de repère et quelle que soit la personne qui l'occupe, la fonction Présidentielle devrait en être un. Il faudrait pour cela qu'elle soit un minimum respectée, épargnée par l'injure, la stigmatisation et tout ce qui est excessif, ce qui ne signifie absolument pas pour autant qu'elle ne puisse pas être critiquée ou qu'elle doive être absoute de ses erreurs ou de ses turpitudes. Ce sont deux choses différentes.

Quoi qu'il en soit, ce précédent à l'égard de l'actuel Président aura probablement pour conséquence qu'à l'avenir, celles ou ceux, de droite comme de gauche, qui lui succéderont devront s'attendre à ce que le poids des mots prononcés contre eux n'ait plus aucune importance.



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