samedi 27 juin 2015

Hier matin, un homme d’une soixantaine d’années environ, a frappé à ma porte. Il m’a présenté sa carte d’affiliation à une association caritative d’aide aux aveugles et aux déficients visuels que je connaissais. Il n’y avait donc aucun doute sur son sérieux et son honnêteté. Il avait l’air un peu fatigué, usé sans doute par cette tâche aussi bénévole qu'ingrate et qui consiste à aller solliciter chaque jour depuis des années la générosité auprès d’une population pas toujours disponible, pas toujours aimable avec les démarcheurs... Humblement, il m’a demandé si, en plus de mon obole, je pouvais lui remettre un peu d’eau dans sa petite bouteille en plastique, parce qu’il faisait chaud et qu’il avait déjà beaucoup marché – « De l’eau du robinet, ça suffira… » - se crût-il obligé de me préciser. 

Après m’être exécuté, l’avoir salué et refermé ma porte sur lui, je l’ai observé par la fenêtre se désaltérer avec l’eau fraîche que je venais de lui donner, puis repartir à petits pas, le sac en bandoulière pour aller frapper et tenter sa chance à d’autres portes, avec pour seul but d’aider ceux qui, comme lui et moi, n’ont pas la chance de n’avoir qu’à ouvrir les yeux pour voir. Je l’ai trouvé admirable et bien courageux. 

Quelques minutes plus tard, j’ai appris par la télévision qu’au même moment un autre homme à seulement quelques kilomètres de là, en avait décapité un autre – au nom de Dieu - bien sûr, avant de faire exploser des bouteilles de gaz avec le projet de tuer le plus grand nombre possible de ses semblables. La concomitance de ces deux destins que tout oppose m’a laissé perplexe

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