samedi 16 janvier 2016

Une petite et jolie anecdote vécue avec Bowie...

J’ai envie de partager cette anecdote qui en dit long sur la personnalité et l’élégance, pas seulement vestimentaire, de l’interprète de « China Girl ».

Au début des années 80, j’avais monté avec un ami une société de production audiovisuelle en charge de fabriquer des programmes radio et notamment des émissions pour la promotion des films. Tout naturellement, les distributeurs de cinéma furent nos clients privilégiés et, dès notre première année d’existence, ils nous envoyèrent au Festival de Cannes pour réaliser toutes les interviewes de stars qui nous permettraient ensuite de fabriquer nos émissions.

C’est ainsi que nous fumes en charge de la promotion de «Furyo» et que nous devions rencontrer Bowie dont la venue annoncée à Cannes avait mis toute la croisette en émoi. L’interview devait se faire au Carlton, à table et en présence d’autres journalistes. Lors des réunions préparatoires pour l’organisation de cet évènement, l’attachée de presse nous avait très solennellement prévenus qu’il ne devrait en aucun cas y avoir de caméra ou de micros, Bowie s’y opposant fermement… Les journalistes présents ne seraient autorisés qu’à prendre des notes…

Hélas pour nous, faire une émission de radio avec des notes écrites, ça n’était pas évident… Finalement, aussi inconscients que téméraires, mon associé et moi-même avons décidé d’outrepasser les instructions reçues… Nous eûmes alors l’idée simple, mais que nous trouvions assez ingénieuse de poser notre magnétophone au pied de notre chaise, puis de cacher le fil de notre micro sous une serviette, afin de le déposer dans le pot de fleurs central qui ornait la table… ! Aussitôt dit, aussitôt fait, ni vu, ni connu !

Bowie arriva peu après, juste après que nous ayons déclenché le magnéto... Je me souviens qu’il était très beau, très élégant dans un costume beige sur une chemise bleue, charismatique au possible... J’étais quand même assez jeune - dans la vie et surtout dans le métier - et je dois avouer que c’était assez troublant de se retrouver face à l’interprète star de « Ziggy Stardust », « Life on mars », « Heroes », dont j’étais un inconditionnel. C’était aussi l’année de la sortie de « Let’s dance »… L’interview commença alors, chacun posant ses questions sur « Furyo », moi y compris, jusqu’au moment fatidique où je m’aperçus que David commençait à regarder de plus en plus souvent en direction du pot de fleurs… Mon associé et moi n’en menions pas large, continuant malgré tout à poser nos questions, tout en cherchant du regard le moyen de repli le plus efficace, quitte à devoir nier, toute honte bue, d’être les responsables de cette odieuse et irrespectueuse supercherie, au cas où elle se verrait révélée…

C’était bien mal connaitre Bowie et surtout, c’était oublier que c’était un gentleman au sens strict et tout britannique du terme ! En effet, réellement intrigué par ce bouquet, il finit par se pencher vers le pot dont il écarta délicatement les fleurs des deux mains… C’est alors qu’il me regarda et me dit avec un grand sourire qu’il ne connaissait pas cette variété de fleur en métal qui se trouvait au milieu des autres, mais qu’elle était très jolie !

Comment avait-il pu deviner que j’étais, moi, le responsable de ce méfait ? C’était assez simple en fait : mon associé qui s’était évanoui avait glissé sous la table et, à ce moment-là, j’étais le seul parmi les autres encore attablés à ressembler davantage à une pivoine qu’à un journaliste!

Bien entendu, l’interviewe continua comme elle avait commencée...



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